Ce qui est sûr, c’est que Khaled a mal choisi son moment pour devenir marocain. Ce qui est moins sûr, c’est que l’Algérie est sur la bonne voie. Entre ces possibilités, tout est probable, ce qui oblige à avancer sans certitude et rouler sans savoir ce qu’il y a au bout de la route. Où est la vérité ? Il faut la chercher dans ce qui émane de chiffres, comme par exemple les tableaux internationaux qui classent l’Algérie malade dans un grand nombre de secteurs, argument qui devrait à lui seul interdire la reconduction. Mais qui s’en soucie ?
Préférant des arguments subjectifs à des données brutes, ils sont nombreux à refuser de voir la réalité sur la dépréciation économique, la désindustrialisation, la faiblesse des diplômes et de la formation, l’injustice ou l’évasion fiscale. Car au fond, ces tableaux sont-ils fiables ? Ne sont-ils pas, comme pour ces agences de notation, des moyens de pression ? On a du mal à le croire, mais les dirigeants rejettent ces classements d’un revers de la main, arguant qu’eux savent ce qu’il y a lieu de savoir et que tout va bien à part quelques points noirs, que tout va aller mieux, surtout les points noirs. C’est qu’en réalité, ils jugent avec l’échelle de Rechta, qui n’a rien à voir avec l’échelle de Richter.
Echelle aussi complexe que la rechta elle-même, enchevêtrement raffiné de nouilles, elle sert à évaluer une situation en mélangeant un peu tout, l’amour de son pays, l’ennemi, le million de martyrs, son entourage et sa propre mère. Résultat : l’appréciation est faussée car l’échelle de Rechta n’est pas rigide, enroulée sur elle-même pour replier la réalité. Il ne faut donc rien changer parce que tout pourrait être bien pire. Louisa Hanoune vient d’être élue pour un 7e mandat. Pour tout militant, c’est un peu trop. Mais sur l’échelle de Rechta, 7, 3 ou 1, c’est la même chose. Question : combien y a-t-il de nouilles dans un kilo de rechta ?